Malheureusement, la réponse est non, mais pour comprendre cela, nous devons nous détourner du court terme immédiat et prendre du recul par rapport à la mesure des prix de l’énergie. Actuellement, les prix du gaz sont sous la barre des 50€ après avoir dépassé les 300 €/MWh fin août 2022, malgré la mise en place laborieuse du mécanisme de correction du marché.
Tandis que les prix de l’électricité en France (base N+1), après avoir battu tous les records au-dessus de 1 100 €/MWh, sont désormais au-dessus de 200€/MWh.
1. La crise énergétique de 2022, différente de celle de 2008 !
En effet les inquiétudes concernant la hausse des prix sont dues à un phénomène encore jamais enregistré en Europe, même pendant la crise financière de 2008.
Prix de gros | Maximum 2008 | Maximum 2022 | Ecart 2022/2008 |
Elec FR €/MWh | 93 | 1130 | + 1 211 % |
Charbon $/tonne | 217 | 325 | + 150% |
Gaz €/MWh | 43 | 302 | + 709% |
Pétrole $/baril | 146 | 127 | – 12% |
Carbone €/tonne | 29 | 98 | + 332% |
Lorsque l’on observe ces chiffres, on remarque que la crise de 2022 est différente du niveau financier de 2008. Dans ce cas, on ne peut même plus parler de crise, mais d’un « tsunami spéculatif » qui ne peut être justifié uniquement par les inquiétudes générées par le conflit en Ukraine. En effet, dans cette explosion des prix, nous voyons que les deux marchés ne sont pas moins volatils, à savoir que le marché du charbon, et surtout le marché du pétrole, reste en dessous des niveaux de 2008 en 2022.
2. Loin d’être sortis de la crise : les prix de l’énergie sont en hausse
On peut dire que l’on vient de loin en se souvenant des prix de juillet et août 2022 par rapport aux prix actuels.
Prix de gros | Maximum 2022 | Mars 2023 | Ecart 2023/2022 |
Elec FR €/MWh | 1130 | 172 | – 85% |
Charbon $/tonne | 325 | 132 | – 60% |
Gaz €/MWh | 302 | 47 | – 84% |
Pétrole $/baril | 127 | 75 | – 42% |
Carbone €/tonne | 98 | 88 | – 10% |
Entre ces deux périodes, la plupart des prix ont baissé avec une bonne homogénéité, entre – 60% et – 85%.
Cependant, on note que le raisonnement est biaisé. En effet, on remarque une baisse des prix de 86% sur l’électricité en France, cette récession n’est pas calculée sur la base des prix de la crise de 2008 (93 euros), mais sûr la crise de 2022 (1100 euros). Les résultats observés en 2022 ne peuvent pas constituer une situation permanente, et ne peuvent donc pas constituer une référence historique.
Afin de bien analyser les niveaux de prix actuels, il est nécessaire de revenir aux fondamentaux qui prévalaient avant la crise énergétique de l’automne 2021, bien avant la crise ukrainienne.
Prix de gros | Maximum 2008 | Maximum 2022 | Ecart 2022/2008 |
Elec FR €/MWh | 53 | 172 | – 221% |
Elec ALL €/MWh | 48 | 136 | + 182% |
Charbon $/tonne | 69 | 132 | + 91% |
Gaz €/MWh | 17 | 47 | + 185% |
Pétrole $/baril | 66 | 75 | + 13% |
Carbone €/tonne | 37 | 88 | + 134% |
En comparant les prix actuels avec ceux en vigueur début 2021, nous observons, hors pétrole, que les prix actuels sont de +100% à +220% supérieurs aux fondamentaux d’avant la crise énergétique de l’automne 2021.
Il est donc nécessaire de revoir la politique d’approvisionnement en énergie fossile de l’UE et de remédier à cette incohérence dès que possible, y compris, espérons-le, en approvisionnant l’Europe sur la base de marchés spot. Nous devons également être conscients que l’abandon du gaz russe et le passage au GNL entraîneront une hausse significative des prix du gaz importé en Europe. Cela conduit donc à la nécessité de réduire rapidement son utilisation et d’accélérer l’électrification de l’économie européenne, ce qui signifie, entre autres, un recours accru à l’énergie nucléaire.