1. PÉTROLE : CHUTE DE LA DEMANDE MONDIALE
A l’avancée du COVID-19, le marché du brut s’effondre. Le prix du baril a perdu 20% depuis le 1er janvier et termine ce mois aux prix les plus bas depuis fin 2018. Les deux barils de référence ont subi une forte décroissance depuis le début de l’année. Le WTI coté à New York perd 16%. Quant au Brent à Londres, il perd 12%. Les cours étaient pourtant remontés lors des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis il y a quelques semaines.
En effet, la demande devrait se contracter de 435 000 barils par jour (bpj) sur janvier-mars, précise l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). L’agence a révisé ses attentes concernant la croissance de la demande sur l’année. Elle ne devrait donc augmenter que de 825 000 barils par jour, au lieu de 1,2 million prévu avant le début de l’épidémie. Si la prévision de l’AIE se confirme, il faudrait remonter à 2011 pour retrouver une progression aussi faible.
Au deuxième trimestre, la demande de pétrole sera certainement toujours affectée dans une moindre mesure et ne reviendrait à la normale qu’à l’été, explique l’AIE.
Cette baisse est en partie à cause du ralentissement de l’économie chinoise qui est durement frappée par l’épidémie. En effet, elle absorbe à elle seule, les trois quarts de la progression de la demande de pétrole.
2. La Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole
Depuis décembre, l’épidémie de coronavirus s’est largement propagée en Chine et a contraint les autorités à prendre des mesures de confinement, ralentissant la deuxième économie au monde. La mise en arrêt d’une partie de son économie a des conséquences sur le transport aérien, routier ainsi que sur l’activité industrielle, diminuant le besoin en hydrocarbures. Or, la Chine est le deuxième consommateur mondial de brut et a représenté à elle seule, 14 % de la consommation mondiale l’an dernier ainsi que les trois quarts de la croissance de la demande. Elle joue donc un rôle crucial dans l’équilibre du marché.
Du 15 au 22 janvier, la Chine a diminué ses importations de pétrole de près de 2 millions de barils par jour par rapport à la moyenne de janvier 2019, et de 3 millions de barils par jour par rapport au début de l’année 2020.
3. Mauvais timing pour l’OPEP
Cette baisse de la demande survient au mauvais moment pour l’OPEP. L’organisation lutte déjà pour soutenir des prix pétroliers déjà fragilisés par une offre abondante et la croissance mondiale qui ralentit. De plus, suite à plusieurs semaines de blocage des sites de production libyens et du ralentissement des Emirats arabes unis, la production de pétrole des pays de l’OPEP est tombée en janvier à son plus faible niveau depuis 2009, a déclaré l’AIE.
L’OPEP a donc revu à la baisse de 19% sa prévision de croissance cette année.
4. Réunion de l’OPEP prévue le 5 mars
Alors que l’OPEP et ses alliés (OPEP+) ont plutôt l’habitude de se retrouver tous les 6 mois, ils s’étaient quittés en décembre en programmant une « réunion extraordinaire » le 5 mars. L’Arabie saoudite a tenté d’avancer cette réunion mais Moscou s’y est opposé. Avancer la réunion à la fin février pourrait effectivement avoir l’effet inverse qu’escompté et envoyer un signal de « panique » au marché.
Cette réunion a pour but de trouver une solution face à cette baisse de la demande et de discuter d’éventuelles réductions de production supplémentaires.
Les membres de l’OPEP+ se sont déjà réunis la semaine dernière et se sont mis d’accord pour ramener leur production à 1,7 million de bpj jusqu’à fin mars afin de soutenir le marché.
Si une baisse supplémentaire, ou au moins une prolongation de celle-ci reste la principale arme du cartel pour soutenir les cours, elle pourrait ne pas emporter l’adhésion de ses membres ni de son principal allié, la Russie. En effet, le cartel ne fait face qu’à des solutions imparfaites. Une réelle diminution de la production soutiendrait les prix, mais elle réduirait leurs parts de marché. Tandis qu’une diminution moins forte pourrait rassurer le marché mais seulement quelques jours.