Le Point d’Échange Gaz, PEG, est un indicateur stratégique essentiel pour les entreprises, leur permettant de comprendre et d’anticiper les fluctuations des prix du gaz. En suivant attentivement ses variations, les entreprises peuvent optimiser leurs stratégies d’approvisionnement, gérer efficacement leurs risques financiers et maintenir leur compétitivité. L’accompagnement d’experts peut s’avérer précieux pour interpréter ces données, construire une stratégie énergétique performante et ainsi optimiser ses dépenses énergétiques.
1. Qu’est-ce que le PEG et comment fonctionne-t-il ?
Le Point d’Échange Gaz (PEG) est une plateforme virtuelle essentielle où les acteurs de la filière gazière procèdent à l’échange de volumes de gaz naturel et à leurs transactions financières.
Le parcours du gaz est complexe et se compose de plusieurs étapes techniques. Tout commence par l’extraction du gaz naturel depuis les sous-sols des pays producteurs. Celui-ci est ensuite transporté jusqu’en France, notamment par des pipelines ou sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Une fois sur le territoire, le gaz est pris en charge par les gestionnaires de réseaux de transport et de distribution. En France, GRDF assure ce rôle pour 95 % du territoire, tandis que les 5 % restants sont couverts par des opérateurs locaux.
Pour approvisionner leurs clients, les fournisseurs achètent les volumes nécessaires directement auprès de ces gestionnaires via un marché de gros. Ce marché fonctionne comme une bourse spécifique où s’échangent les quantités et les prix du gaz.
Depuis le 1er novembre 2018, la France dispose d’un PEG unique. Cette simplification vise à uniformiser le marché gazier, à améliorer la transparence des prix et à renforcer la compétitivité du système énergétique national.
Simplification du système gazier en France
De 2015 à 2018, le système gazier français comprenait deux marchés de gros d’échange de gaz correspondant aux trois zones de transport nationales :
- PEG Nord : lié à la zone du réseau GRTgaz Nord.
- TRS (Trading Region South) : regroupant les zones d’équilibrage de GRTgaz Sud et de TIGF (Total Infrastructures Gaz de France, aujourd’hui Teréga).
Avant cette période, la France était encore plus fragmentée ayant jusqu’à cinq zones de transport distinctes, chacune disposant de son propre marché de gros. Cette fragmentation compliquait les échanges et limitait la compétitivité sur le marché du gaz.
2. Les évolutions récentes du PEG
Hausses des prix sur le marché du gaz
Depuis 2022, les prix du gaz au PEG ont été marqués par une forte volatilité, et ce pour plusieurs raisons :
- Réduction des importations russes.
- Une dépendance accrue au gaz naturel liquéfié (GNL) structurellement plus coûteux que le gaz russe provenant de pipeline.
- Des risques de pénuries liées à la demande hivernale (thermosensibilité) et à la réduction des importations russe.
Pour les entreprises, cela engendre une volatilité des coûts énergétiques, rendant difficile la prévision et la gestion de budgets stables.
Comme le montre ce graphique les prix du gaz au PEG ont connu une forte augmentation partir de début 2022. En effet en janvier 2021 le prix se situait aux alentours de 20€/MWh contre 300€/MWh en septembre 2022. Cela coïncide avec le début de la guerre en Ukraine et donc la volonté des 27 États membre de l’Union Européenne de se couper de la dépendance européenne au gaz russe avec comme objectif 0% d’importation russe en 2027. Aujourd’hui moins de 10% des importations de gaz européens sont russes.
Impact des réglementations climatiques
Les différentes taxes énergétiques et notamment celles liées au marché carbone, incitent à une réduction de la consommation de gaz fossile. Ces mesures augmentent indirectement les coûts pour les entreprises fortement consommatrices, notamment à travers des prix plus élevés du PEG. À long terme, ces incitations fiscales visent à transformer les modèles de consommation énergétique, mais imposent également une pression financière sur certaines entreprises, rendant plus complexe la gestion de leur budget énergétique.
3. Comment le PEG impacte les coûts énergétiques des entreprises ?
Fluctuations des prix et perte de compétitivité
Les variations du PEG jouent un rôle clé dans la détermination des coûts des contrats de fourniture. Les entreprises ayant opté pour des contrats indexés sur les prix de marché sont particulièrement sensibles à des hausses imprévues. Ces hausses soudaines peuvent compliquer la gestion budgétaire des entreprises. Ces fluctuations touchent principalement les secteurs énergivores comme l’industrie chimique ou la métallurgie, où les coûts du gaz représentent une part significative des dépenses. Ainsi ces augmentations réduisent directement la rentabilité, impactant également la capacité à investir ou à innover. Tout cela fragilise la position des entreprises française et plus globalement européennes face à une concurrence internationale parfois moins exposée à ces hausses.
Transition énergétique : une opportunité coûteuse
Face à la volatilité des prix du gaz, les entreprises sont poussées à accélérer leur transition énergétique en adoptant des solutions plus durables. Ces solutions se traduisent par la consommation d’électricité ou de BPA- (Biogas Power Agreement). Ces alternatives peuvent garantir une stabilité des prix à long terme en réduisant l’exposition à la volatilité des énergies fossiles. Cependant, leurs mises en œuvre demandent des investissements conséquents, en effet les coûts d’installation associés à une phase de transition parfois longue, représentent un défi majeur pour les entreprises.
Le PEG joue donc un rôle central dans la détermination des coûts énergétiques des entreprises en France. En comprenant ses mécanismes et ses évolutions, les entreprises peuvent mieux anticiper les impacts sur leurs budgets et adapter leurs stratégies énergétiques.